Usine Renault au Maroc : les syndicats fustigent la délocalisation au détriment des sites français
Le Point.fr - Publié le 09/02/2012 à 18:02
"Les véhicules produits à Tanger vont être en concurrence directe avec la Mégane Scénic et le Kangoo", souligne la CGT.
Les syndicats CGT et SUD du groupe Renault ont critiqué jeudi, jour d'inauguration de la première usine du constructeur au Maroc, la poursuite de la délocalisation des emplois au détriment de la France, et plus généralement de l'Europe de l'Ouest. "D'un côté Renault investit pour construire et développer les capacités de production et d'ingénierie hors de l'Hexagone et de l'autre sous-utiliser et dévitaliser les sites Renault d'Europe occidentale, et particulièrement français", écrit la CGT dans un communiqué.
"Les deux véhicules produits à Tanger vont être en concurrence directe avec la Mégane Scénic et le Kangoo en Europe de l'Ouest : ainsi la direction de Renault organise elle-même la concurrence au sein du groupe", poursuit la CGT. Renault a inauguré jeudi un site de production marocain qui va produire des véhicules à bas coût, principalement destinés à l'exportation (85 %). Sa production de véhicules légers en France est passée de plus d'un million en 2004 à 445 000 unités en 2011.
Politique salariale "ultra low cost" (CGT)
"Nous sommes bien loin des promesses de Louis Schweitzer qui en son temps affirmait que le véhicule "à bas coût" roumain n'avait aucune vocation à être réimporté en Europe occidentale, mais seulement à s'introduire dans les pays émergents", déplore la CGT. Pour SUD, la nouvelle usine marocaine située à Tanger illustre "les orientations que Carlos Ghosn a fait prendre à l'entreprise depuis qu'il en est devenu le P-DG en 2005 : la délocalisation d'activités sous couvert d'internationalisation". Également dans un communiqué, SUD "dénonce les sites d'ingénierie contraints de transférer de plus en plus d'activités vers la Roumanie, l'Inde et la Corée", des usines françaises systématiquement mises en concurrence avec des sites étrangers.
La CGT dénonce aussi "la politique salariale "ultra low cost" à travers le monde" qui ne permet pas "aux travailleurs roumains, slovènes, marocains de s'acheter ce qu'ils fabriquent à bas coût". La CGT pointe aussi des aides du gouvernement marocain ayant pesé dans la décision de s'implanter dans ce pays : des infrastructures payées en grande partie par le Maroc, un institut de formation géré par Renault, mais financé par l'État marocain, et une exonération d'impôt sur les sociétés pendant cinq ans et de la taxe d'importation marocaine.